En remontant le temps

En remontant le temps

Place de la république

MANO, notre village, est plein d'histoires comme tous les villages du monde, mais il a aussi une histoire qui elle, vaut la peine d'être contée. Ce petit texte n'a pas la prétention d'être exhaustif de toute l'histoire de MANO, mais de nous rappeler, ou nous apprendre (pour les nouveaux habitants) que le passé a tissé le présent lui aussi...

Et d'abord, d'où vient ce nom : MANO ? On pourrait croire que son origine est espagnole : mano= main. Eh, bien non ! D'après l'écrivain régional Simain PILAY, Mano vient de mane, ou bruyère. Y aurait-il davantage de bruyère dans ce petit coin de Hautes-Landes que dans les autres communes ?

PETIT RESUME DEMOGRAPHIQUE

D'après l'indication la plus ancienne que nous ayons pu trouver sur la population de MANO, voici quelques chiffres :

  • en 1847, il y avait 412 habitants
  • en 1968, il en restait 68
  • en 1975, le recensement annonçait 94 habitants
  • en 1982, 91 habitants
  • enfin le dernier recensement de 1990 :104 habitants, une remontée démographique donc, qui va s'amplifier peut-être...

Les facteurs en cause dans la dépopulation de MANO constituent aussi son histoire. On peut en citer quatre:

1) La guerre de 1914-1918. qui a fait 19 tués parmi les hommes actifs. Pendant la guerre et après, les troupeaux de brebis ont périclité, pour disparaître finalement. Il y avait trois moulins qui tournaient. à l'Ancien Bourg, à Roumehort et à Péchon, qui contribuaient à faire vivre le village en autarcie.
2) L'arrêt du gemmage et ses conséquences économiques vitales. Jusqu'en 1925, le prix de la gemme n'a cessé de monter, mais après cette année là il commença à baisser, et ce, jusqu'à l'arrêt de la production dans les années!975. La production diminue suite au grand incendie de Des fusées incendiaires allemandes auraient mis le feu dès la limite du Lot-et-Garonne, ce qui provoqua des ravages jusqu'à ce que l'Océan l'arrête. Madame Geogette MOUHICA raconte : «On voyait les fusées lâchées par les avions sur la forêt»

3) La fermeture de l'école . L'école de MANO a pourtant été pleine de jeunes têtes du temps de Monsieur DUPORT, l'instituteur en fonction en 1902. Mais en 1940 il ne restait plus que 12 élèves, et en 1960, trois. Cette année-là, l'école a été fermée et les cars de ramassage scolaire commencèrent à emmener les enfants à Moustey; Notons que la Poste, créée vers 1920, fut transformée en Agence Postale en 1974.

4) Les deux hôtels-restaurants, qui jouaient un rôle économique important fermèrent l'un après l'autre; L'hôtel DUFOUR, dont le gérant était Monsieur CONDOM, ferma vers 1977-78. L'hôtel SELONS, dont l'activité a diminué peu à peu au cours des années suivantes, fut fermé en décembre 1989; On venait à ces hôtels-restaurants pour s'y ravitailler en denrées alimentaires et en essence puisqu'ils étaient aussi épicerie et pompe à essence. Pour les échanges humains aussi, pour les nouvelles, la petite «gazette locale»...et orale.

UNE PETITE COMMUNE QUI BOUGE

Une commune qui bouge dans les deux sens du terme. Effectivement chacun sait qu'en 1856 le bourg fut déplacé. Mais , pourquoi ? Une hypothèse (non vérifiable ?) est que le bourg était excentré par rapport à la nouvelle route ? construite vers 1850 sur l'ancien chemin n°4. Le maire de l'époque, Monsieur DUBERN, aurait oeuvré pour ce transfert, lui-même habitant au bord de la nouvelle route. Ses dons y contribuèrent : l'immeuble de l'actuelle Mairie pour y faire l'école et la mairie, et celui de l'ancienne Poste pour y installer le presbytère, ainsi que le terrain sur lequel fut reconstruite l'église, ce qui représentait des «postes-clés» pour la vie d'un village.

MANO a été une commune qui bouge aussi sur le plan du développement économique. Grâce à certains hommes qui lui ont beaucoup donné, tel Monsieur Léo BOUYSSOU, qui fut maire de MANO de 1904 à1935. Vice-président de la Chambre des Députés, député des Landes, Président du Conseil Général des Landes, et personnage représentatif de la démocratie landaise, il travailla pendant presque trente ans au bien de la commune, «au milieu de cette terre landaise qu'il a tant aimée».

En effet, vers 1920, c'est grâce à lui que MANO a été une des premières communes de la région à être électrifiée. Ce fut d'abord le moulin de l'Ancien Bourg, qui produisit l'électricité, chez Monsieur DUBOURG, père de Madame MOUHICA. La commune fut entièrement électrifiée en 1927. C'est sous son mandat aussi, en 1932, que le chemin de grande communication N° 4 est devenu route nationale, ce qui a beaucoup contribué à la modernisation des deux hôtels-restaurants et à leur prospérité.

Pour continuer sur le thème des routes, rappelons que la route de MANO à BIGANON fut construite en 1949, sous le mandat de Monsieur LAOUILLEAU Emile, qui fut maire de MANO de 1945 à 1959. Quant à la piste forestière Belin-St-Symphorien, sa création est liée à la protection de la forêt contre les incendies. Monsieur FAUGERES, Conseiller d'Etat, avait été chargé de faire un plan de prévention (intercommunal) des incendies en 1949 (suite au tragique incendie de CESTAS). Il le mit en oeuvre en créant la piste forestière N° 3, qui relie BELIN à Saint-SYMPHORIEN, en passant sur la commune de MANO. Cette route fut réalisée par le Génie Rural en 1950.

Parallèlement à la Sylviculture, on a assisté, dans les années 1960-64, à l'implantation de la culture du maïs. Les routes de la CAPE NORD et la CAPE SUD, longeant les champs de maïs, furent aménagées dans ces années-là et, cloisonnant la forêt, servent également de coupe-feu.

Notons que MANO aurait pu se transformer si l'on avait trouvé du pétrole. En effet le premier forage ESSO eut lieu à MANO en 1952. On creusa jusqu'à 2749 mètres, mais le pétrole ne jaillit pas et le forage s'arrêta. Ce fut comme on sait, PARENTIS qui devait se «pétroliser». Faut-il le regretter ?

Qu'en aurait pensé Monsieur DUPERTOUT, le donateur du domaine de 430 hectares à notre commune ? Lui qui a créé un lac pour en faire une réserve d'oiseaux et qui aimait tant les observer dans leur environnement ? Qui est aussi le notre, cette «nature au coeur profond sur qui les deux reposent», comme l'écrivait Mme de NOAILLES, nature non encore frelatée ; c'est pourquoi il y fait bon vivre.

Et nous, habitants de MANO, il nous appartient de continuer l'histoire de ce village. Comment? Chacun répondra, et aura certainement à coeur d'y vivre le mieux possible en y apportant ses ressources personnelles. Histoire à suivre donc

MANO , Décembre 1995

C. CAUTY

Que Monsieur Raymond MANO soit ici remercié chaleureusement. Il a été une source d'information riche et fort documentée. Mes remerciements vont aussi à ceux et celles qui ont répondu à mes questions avec une grande amabilité.