Histoires de moulins

Histoires de moulins

Emplacement des moulins

Quand le meunier de Péchon a porté plainte contre celui de Biganon...

LES MOULINS DE BIGANON

 

Les moulins à eau étaient très nombreux dans les landes : on en comptait 619 à la veille de la révolution.  Au XVIII ème siécle et au début du XIXème  on en trouvait ainsi chez nos voisins 11 à Beliet, 9 à Belin, 8 à Sabres et  8 à Saugnac et Muret .

Pourquoi tant de moulins ? Dans les landes, la féodalité avait moins de prise qu’ailleurs et les meuniers furent exemptés de redevances. Le moulin était un outil de transformation essentiel, le passage obligé pour les paysans qui devaient, « dans une économie d’autosubsistance  agro-pastorale», transformer leurs grains en farine de manière à fabriquer leur aliment de base qu’était le pain.

 Aucun des moulins n’était situé sur la Leyre dont le débit était trop important. Tous se trouvaient sur des affluents, des petits ruisseaux à débit faible mais à écoulement rapide grâce à une pente plus prononcée.

A Biganon, il y avait plusieurs moulins, celui de Castera., celui de Laciville et celui de Pechon à la limite de Biganon et de Mano.

Nous n’avons pas de renseignement sur le moulin de Castera situé sur le ruisseau de même nom qui se jette dans la Leyre.

Le moulin du bourg de Biganon ou  de Laciville (cf § 7), était situé  sur le Grand Arriou, en amont du pont du Porge. C’est Jean Laciville , meunier du comte de Belhade, qui lui a donné son nom. Il a épousé vers 1720 Marie Harribey, veuve de Jean Bordessoules qui possédait le  moulin. Il en reste des pieux en bois plantés dans le lit très étroit de la rivière et un canal de fuite surnommé » leu chacq « Une grand-mère de la famille  se souvenait qu’elle allait le matin,  petite fille, dans les années 1908-1909, avec ses copines de l’école, démêler les tresses de la meunière.

A Pechon, près de Mano, sur le ruisseau Odoy,  il y avait en fait  2 moulins, un situé à Biganon, l’autre à Mano. Les propriétaires, deux Mano, sans lien familial connu, ont entretenu des relations difficiles. Pierre Mano qui possédait le moulin en amont a porté plainte en 1877 contre Rémy Mano, propriétaire du Moulin en aval, lui reprochant de »tenir les eaux à une telle hauteur qu’il cause un grand dommage ». «  Le pétitionnaire demande alors  que les eaux dans le bief de ce  moulin  ne s’élèvent pas de manière à gêner » son usine » en raison d’une digue de terre consolidée régulièrement avec une surélèvation du plan d’eau ». Après enquête du service hydraulique des ponts et chaussées, un procés verbal de récolement est rédigé le 10 février 1883 avec permission de fonctionnement de l’usine avec des conditions bien précises ; elles ne seront pas appliquées car ce moulin sera incendié  le 21 septembre 1882. Le meunier deviendra aubergiste à Biganon ; les pierres restantes du moulin seront déménagées et serviront à construire une  grange dans le centre bourg.

La réputation des  meuniers a été souvent mise à mal. Le meunier gardait pour lui une certaine quantité de farine qui le payait de son travail, la « pugnère », qui correspondait théoriquement à la contenance d’une poignée mais il répétait souvent l’opération et la pugnère équivalait en fait à  10 ou 20 % du grain donné par le paysan ; ni les ordonnances royales, ni les décrets impériaux ou républicains ne vinrent à bout de cette fâcheuse habitude. Il fallut attendre l’usage général de la monnaie pour voir l’abandon d’un  troc trop profitable.

Dans les minutes du procés Mano versus Mano, on retrouve une lettre du 26 fructidor an 11, adressée au citoyen Duplantier, préfet des landes,  qui fustige aussi les habitudes du meunier, son manque d’exactitude qui favorisait l‘attente et la consommation de  boisson : « Tous avaient besoin d’aller ou faire porter leurs grains aux moulins, que cette circonstance et très souvent une longue attente arrachaient de précieux instants à l’agriculture,  que dans la plupart de ces anciens moulins il s’y débitait du vin, de sorte que malheureusement pour la famille de celui qui était anclin à la débauche, le meunier savait faire son profit des prétextes qu’il ne manquait pas de trouver  pour retarder l’expédition de ceux que la nécessité ou le vice y retenaient… »

Pour mémoire,  Mano a été une des premières communes électrifiées dans les Landes, en 1920, et c’est le moulin de l’ancien bourg qui, initialement, en a été le relais.

 

 Références

-  Demounem Regis,  Legigan Philippe (sous la coordination). Les landes et l’homme, ed. Centre d’animation du Graoux, Belin- Beliet,1988

-  Glize Eloi. Les petits moulins à eau d’autrefois, centres de vie dans une campagne, ed. Jean Lacoste, Mont de Marsan, 2003

-  Hays Danielle. Les meuniers et leurs moulins in Gens des Landes, ed Chabas, Capbreton, 1976, 119-124

-  Reignoux Eric .Moulins d’Eyre et de la Lande, ed Loustalet, St Pierre du Mont, 2005

- Souvenirs de famille (moulin de Péchon)

 

Jm  Dilhuydy, pdt asso. Les Amis de Biganon.

blog : Les Amis de Biganon

jean-marie.dilhuydy@orange.fr

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